Serge JANQUIN, ancien Député-Maire de Bruay-la-Buissière

Serge JANQUIN

Lettre à Noël

Noël, toi qui nous es si cher, si loin déjà, mais si proche encore, que penserais-tu de l’ancien monde, du nouveau monde…en marche, cahin-caha ?

Toi, le socialiste, discipliné au Parti, de quel effroi serais-tu saisi ? 

Je vois ton visage désormais comme celui de l’homme effaré de Munch !

Tu avais dans ton Panthéon Jaurès et Blum, Mitterrand qui fut le premier à rendre la France à la Gauche, mais aussi Mauroy, auquel tu avais succédé à la Présidence de Région, et qui s’est illustré par la formule « Ouvrier, c’est pas un gros mot », et Rocard pour la régionalisation, le RMI, la CSG, et par dessus tout la bienveillance à l’autre, l’étranger, le proscrit. 

Tu plaçais au cœur de la République, comme Jaurès, l’éducation et la culture parce qu’elles sont libératrices.

« Que reste-t-il de tout cela ? » aurait demandé le fou chantant…

Peut-être, optimiste comme tu l’étais, aurais-tu répondu que sous le pont Mirabeau coule la Seine et que la joie vient toujours après la peine.

Sans doute aurais-tu été sévère à l’égard de tous ceux qui ont conduit le PS au naufrage en abandonnant ses valeurs.

Serais-tu devenu frondeur ? A ton âge ?

En tout cas, j’en suis sûr, tu te serais dressé haut et fort contre la déchéance de nationalité.

Toi, tu étais le flamand de Boeschèpe, l’Algérien amoureux, le fidèle au Sénégal, le frère de Mandela, et si fier d’être français, d’être un enfant de la République sociale.

Serge JANQUIN
7 mai 2020