Myriam Maerten-Duhamel

Myriam MAERTEN-DUHAMEL
Ancienne élève d’Aimée Josèphe, à Sailly-Labourse. Amie d’enfance de sa fille Annie, elle connaissait bien toute la famille…
Militante associative et de l’Education Populaire, investie dans les actions relevant de la politique de la ville, formatrice au GRETA, puis directrice durant 20 ans de l’ADEP, Association pour le Développement de l’Education Permanente, à Roubaix. Désormais en retraite, elle est administratrice et secrétaire de l’ATEMEN (Ateliers Mémoire : www.ateliers-memoire.com)

Un petit village du Pas de Calais dans les années 60,
Sailly-Labourse …

Un petit village du Pas de Calais dans les années 60, Sailly-Labourse, la mairie, l’église et l’école primaire des filles. La Directrice, Madame Josèphe, est également enseignante en cours moyen 2ème année.

Monsieur et Madame Josèphe et leur famille occupaient à cette époque le logement de fonction de l’école des filles.

J’ai suivi toute ma scolarité dans cette école située à proximité de la maison de mes grands-parents.

Dans la même classe qu’Annie Josèphe à l’Ecole Primaire puis au CEG, au CES de Beuvry, au Lycée de Jeunes Filles de Béthune et enfin à la faculté de Droit de Lille, nous étions vite devenues des amies et j’ai ainsi été accueillie dans la famille Josèphe.

Que de souvenirs éveille en moi ce temps de la jeunesse et de l’insouciance !

Monsieur Josèphe m’impressionnait énormément. Il en imposait par sa stature, sa voix forte qui vous forçait à baisser la tête quand il haussait le ton mais un sourire et un rire qui vous rendaient immédiatement confiance et qui permettaient de vite oublier certaines colères.

Je revois son bureau dans le logement de fonction. Monsieur Josèphe était à l’époque Inspecteur de l’Education Nationale et allait entamer sa brillante carrière politique. Il était toujours prêt à rendre service, à l’écoute de ses concitoyens, un humaniste, un vrai. Les colonies de vacances qu’il a offertes à des centaines d’enfants, en sont un magnifique exemple. C’est pourquoi, lorsque j’ai reçu les Palmes Académiques en 2018, j’ai tenu à lui rendre hommage ainsi qu’à Madame Josèphe.

Madame Josèphe, la Directrice de mon école primaire mais aussi mon institutrice de CM2, une maîtresse pédagogue, patiente, douce mais ferme avec les élèves et qui avait pour objectif la réussite de chaque enfant qui lui était confié.

Je revois sa classe, les leçons de morale, de propreté, de code de la route que chaque matin, elle écrivait de sa si jolie écriture, sur le tableau. Je la revois m’entraîner aux concours de diction, entraîner les élèves aux lendits… Je la revois allumer le poste de radio le mardi à 15h pour la leçon de chant hebdomadaire. Je la revois distribuer les bulletins de notes mensuels avec un mot d’encouragement pour chaque élève.

Madame Josèphe était non seulement une excellente enseignante mais également une mère de famille émérite.

Yolande, Francis, Danièle, Pascal, Annie, Philippe et Didier, tous les visages des enfants de la famille Josèphe sont gravés dans ma mémoire. Les jeux dans la cour de récréation le jeudi et durant les vacances scolaires, les éclats de rire et les plongeons dans la piscine de Béthune (pas couverte et pas chauffée à l’époque !), les visites au papa de Madame Josèphe, à sa sœur jumelle, les leçons de piano de Mademoiselle Leroy aux enfants de la famille – ces leçons  m’ont permis de découvrir la musique classique – les BD d’Astérix, de Tintin, le début de ma passion pour les livres, la lecture, la poésie, le cinéma « Tintin et les Oranges Bleues »…

Je dois à Monsieur et Madame Josèphe cet éveil à la littérature, à la musique, à la culture mais également le respect des valeurs de la République : Liberté-Egalité-Fraternité-Laïcité. Ces valeurs ont guidé toute ma vie privée et ma vie professionnelle et ce n’est pas le hasard si j’ai effectué toute ma carrière professionnelle dans le domaine de la formation d’adultes et si j’ai particulièrement œuvré auprès des publics en grande précarité. Ce n’est pas le hasard si je me suis engagée dans des associations, dans les conseils de quartier et si j’ai milité pour la démocratie participative.

J’aurais encore tant à raconter… Je tiens par ce témoignage à remercier et à rendre hommage à Monsieur et à Madame Josèphe, ils m’ont tellement donné ; ils m’ont tellement appris. J’ai également une pensée émue pour Annie qui est partie, si jeune, rejoindre ses parents. Que tous les trois reposent en paix.

Le souvenir de Monsieur et Madame Josèphe restera à jamais gravé dans ma mémoire et, je n’en doute pas, dans la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui ont eu l’honneur et la chance de parcourir un bout du chemin de leur vie avec ces deux si belles personnes.

Myriam Maerten Duhamel

Roubaix le 7 février 2021

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