Evelyne CHAUMORCEL, ancienne Assistante Parlementaire de Noël Josèphe

Evelyne Chaumorcel
Etudes de lettres classiques
et juridiques 
Responsable de service à l’Office Public HLM de la Communauté Urbaine de Lille 
Assistante parlementaire
Chargée de mission et déléguée auprès des élus en responsabilité de la Politique de la Ville, de l’Habitat et de la Santé au Conseil Régional Nord Pas de Calais.

SOUVENIRS D’ASSISTANTE PARLEMENTAIRE …

Août 1981, un jour de permanence de député, j’ignore tout de ce qui m’attend. Quelques mois auparavant, lors d’une formation, un prof de fac m’a parlé de la fonction d’assistant parlementaire.

Une salle comble et l’attente dans l’ignorance et l’expectative face à l’entretien qui s’annonce. Je ne sais du député de la circonscription dans laquelle je réside depuis peu que le nom. Je pense qu’une bonne part d’insouciance m’a guidée jusque-là, à présent je sens poindre un certain stress en même temps que s’égrènent les heures d’attente.
Je n’ai retenu de l’échange que la dernière phrase « je vous rappelle dans une semaine ». 

Je savais que les demandes pour cette mission étaient nombreuses et je n’avais aucun « label » politique. J’ai attendu le coup de fil … jusqu’en novembre, soit 8 jours à la mode « Noël Josèphe », mais ça je ne l’ai compris que lorsque j’ai pris effectivement mes fonctions en janvier 82. J’attends toujours le rendez-vous de « mise au point » …

Il est difficile de ne pas se laisser envahir par les souvenirs et de ne pas sourire en se rappelant les anecdotes …

Passionné, engagé, homme entier … 

Les journées commençaient tôt et souvent le premier rendez-vous démarrait en retard, quant au dernier …

Je me trouve un matin face à un monsieur américain, le retard reste somme toute raisonnable ce jour-là, mais il n’est pas envisageable de faire attendre le monsieur américain … bien sûr j’ignore tout de ce qui va m’être demandé par Monsieur Josèphe. 

– « vous parlez Anglais ? » prise de court, je bafouille un « just a little », « ça suffira ! prenez Monsieur dans votre voiture, faites-lui visiter Beuvry et les zones industrielles … » et me voilà sur le champ dans l’obligation de résoudre l’équation suivante : comment faire dignement rentrer une corpulence américaine dans mon minuscule véhicule typiquement français !

Mieux valait éviter la colère du patron, peut-être qu’un employé des télécommunications s’en souvient encore ! 

La panne de téléphone que nous subissions en mairie depuis plusieurs jours, n’avait rien à voir avec le service public de l’époque, mais personne n’avait eu le temps d’en informer Monsieur Josèphe avant que l’orage ne gronde ! Surpris lui-même par la foudre qu’il venait de faire tomber, il s’est retourné vers moi, un peu gêné « j’ai parfois la tête près du bonnet, vous ne trouvez pas … ».

Mais surtout homme de culture, il n’était pas rare que Monsieur Josèphe glisse un vers ou une citation d’auteur lors d’une réunion, l’œil inquisiteur et amusé testait alors l’impact sur l’assistance.

Et mieux valait connaître ses classiques, vous pouviez à tout instant être sur le gril. Jeune et inconsciente, je me suis un jour hasardée à citer une tirade de l’Avare … dans la seconde qui suivit j’eus le sentiment de passer une seconde fois l’oral de Français du baccalauréat.

Une parenthèse professionnelle de plusieurs années, tout simplement inoubliable !