Eneko LANDABURU, ancien Directeur général de la Politique Régionale et de Cohésion de la Commission de l’Union Européenne
« Á partir du milieu des années 1980, le processus d’intégration européenne connu une période faste avec l’adoption de l’Acte Unique, sous l’impulsion de dirigeants visionnaires, et audacieux comme le furent, Helmut Kohl, François Mitterrand, Felipe Gonzalez et Jacques Delors.
L’Acte unique qui développait la libre circulation des biens, services, personnes et capitaux installait de façon durable le marché intérieur. Il étendit aussi la solidarité interne entre les Etats membres grâce à l’instauration d’une solide et importante politique de cohésion économique et sociale.
L’identité européenne se consolidait par l’affirmation de soutien à l’économie de marché tout en développant en même temps de puissants instruments de solidarité économique et sociale. Le modèle de l’économie sociale de marché s’imposait alors sans conteste. Dans ce cadre la Politique Régionale communautaire expérimenta un développement inédit et spectaculaire grâce, notamment, au doublement de ces ressources financières pour atteindre plus d’un tiers de l’ensemble des dotations budgétaires de la Communauté Européenne. La formule, bien connue, de Jacques Delors « La compétition qui stimule, la coopération qui renforcent et la solidarité qui unit » s’inscrivait dans les faits.
A cette époque, comme Directeur général de la Politique Régionale de la Commission, je fus chargé de mettre en œuvre cette réforme et de traduire dans la réalité cet objectif de solidarité qui devait conduire à une réduction des inégalités entre les régions. Ce fut à cette époque aussi que j’eus la grande chance de connaitre Noel Josèphe, alors Président de la Région Nord -Pas de Calais. Je fus tout de suite en phase avec cet homme dont toute la trajectoire politique s’imprégnait de la recherche de la justice sociale et aussi de la réalisation d’une Europe prospère et solidaire.
Notre collaboration fut exemplaire et grâce à lui la politique régionale européenne fut fortement présente dans sa région, au bénéfice de ces habitants qui devaient faire face à de nombreux défis dont une difficile reconversion industrielle.
Il participa aussi activement au deuxième objectif de la réforme de la Politique Régionale qui concernait la prise en compte du fait régional dans la construction d’une Europe politique, avec l’ambition de rapprocher grâce à elles et avec elles les citoyens de l’Europe. Noel Josèphe pris une part active à ce mouvement en devenant un des dirigeants des organisations régionales, alors influentes, comme l’Assemblée des Régions d’Europe-ARE, le Conseil des Communes et Régions d’Europe- CCREE, et surtout l’Association des Régions européennes de traditions industrielles dont il fut le fondateur-Président. Nombreuses furent les réunions et rencontres auxquelles nous participâmes sous son impulsion. Il ne s’agissait pas, bien sûr, de remplacer le rôle primordial des Etats mais bien de donner du muscle et de la chair à toutes ces réalisations concrètes de solidarité entre européens. Il s’acquitta de cette tâche avec efficacité et succès
Noel Josephe fut un homme en phase avec son temps car fidèle et ancré à sa terre d’élection, il se sentait pleinement citoyen européen. Le souvenir que je garde de lui est aussi celui d’un homme aimable, modeste et tenace dans ses convictions. Il fut grâce à sa personnalité et son engagement politique un acteur de choix dans une des périodes les plus fastes et marquantes de la construction européenne.
Je voulais l’en remercier. »
Eneko Landaburu
Le 14 mai 2020